Depuis quelques décennies, nous constatons de façon générale, une baisse de niveau des élèves partout dans le pays et dans toutes les langues, d’où on est en droit de dire «Les élèves ne sont pas en train d’apprendre à l’école». Cette situation a été démontrée par certaines études (PASEC et EGRA), dont les résultats suivent :

  • Les études comparatives menées dans le cadre du PASEC montrent que le score moyen d’acquisition des élèves maliens (en Français et en Mathématiques) est proche de  celui des pays ayant le score le plus faible et se situe à environ 10 points en dessous de ce qui est observé en moyenne dans 9 pays  francophones Ouest – africains
  • l’évaluation des compétences fondamentales des élèves du premier cycle fondamental (EGRA) en lecture, écriture et calcul, effectuée en 2009, atteste, entre autres que:
  • En 2ème année, dans toutes les langues, les élèves lisent moins de 18 lettres/minute
  •  En 4ème année, dans toutes les langues, les élèves lisent moins de 27 lettres/minute
  • 94% des élèves en 2ème année ne sont pas capables de lire un seul mot d’une phrase  de type « Mon école est jolie »;
  • 68% des élèves en 4ème année ne sont pas capables de lire un seul mot d’une phrase de la 2ème Année ;    etc.

Cette situation résulte de beaucoup de paramètres, parmi lesquels nous pouvons noter entre autres; le rapport entre l’environnement familial et les performances à l’école ; la fréquentation d’un jardin d’enfants ; la possession d’un livre de lecture ; la présence d’un adulte alphabétisé à la maison est également ; l’environnement socio-économique de l’enfant etc, particulièrement en ce qui nous concerne la faible implication et participationde la société civile dans


la définition, l’orientation des politiques éducatives et particulièrement le processus d’évaluation des apprentissages scolaires. A cela il faudrait ajouter la sous information des parents et des communautés des résultats des évaluations officielles ; les seuls éléments d’appréciation à leur disposition étant les résultats des compositions et examens effectués en classes mais qui ne permettent pas d’apprécier réellement le niveau réel des apprentissages scolaires des enfants.

Consciente de cette situation qui interpelle tous les acteurs de développement (communautés, société civile, élus politiques, décideurs et techniciens du gouvernement, partenaires au développement, etc.), l’Œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel (OMAES) a suscité la réflexion autour de la question avec la participation des différentes catégories d’acteurs impliqués dans l’éducation au Mali. Ces échanges ont conclut à la nécessité pour la société civile de définir un mécanisme indépendant d’évaluation des apprentissages scolaires, dont les résultats seront restitués jusqu’à la base (dans les ménages, les villages, quartiers, etc.). C’est dans ce contexte que l’OMAES a initié, avec l’appui financier et technique de la Fondation Hewlett, le Programme d’Evaluation des apprentissages scolaires par la société civile au Mali (Bɛɛkunko).

Le Programme d’Evaluation des Apprentissages Scolaires par la Société Civile au Mali est un programme dynamique qui visent l’implication de tous les acteurs dans l’évaluation et le suivi des apprentissages et enseignement des enfants quelque soit leur milieu. Ceci étant, le mot le plus approprié pour représenter cette implication est « Bɛɛkunko », qui langue nationale Bamanankan signifie en français « Affaire de tous ». Il tire son essence du fait que l’éducation de l’enfant, dans le contexte traditionnel malien, n’est pas l’affaire des seuls parents immédiats. Elle va au delà de la famille et implique toute la communauté et chacun y veille à sa réussite. Ce caractère d’implication et responsabilisation des acteurs signifie que l’éducation est un processus multi-acteurs dans lequel chacun doit efficacement jouer sa partition pour l’atteinte du but commun.

 En effet, le programme Bɛɛkunko consiste à effectuer des évaluations annuelles régulières des compétences fondamentales en lecture et calcul de tous les enfants de 6 – 14 ans dans les ménages sur la base d’outils simples, fiables et applicables par les acteurs à la base. Les résultats de ces évaluations feront l’objet d’actions de communication diverses  avec tous les acteurs (parents dans les ménages, les communautés villageoises, les élus, les services techniques, les organisations de la société civile, etc.) et à tous les niveaux (ménage, village, communal, local, régional et national). Ces évaluations régulières, faites par les acteurs de la société civile et dont les résultats sont mis à la disposition de toute la communauté, permettront d’informer régulièrement les acteurs de l’éducation du niveau réel des apprentissages scolaires et de les amener à s’impliquer davantage en faveur d’une éducation de qualité au Mali.

 Le programme ainsi mis en place envisage une communauté éducative qui cherche collectivement une éducation de qualité pour tous, qui repose sur trois supports essentiels, à savoir : le Gouvernement, la Société Civile et la Communauté.

2 Vision et objectifs de Bɛɛkunko

Vision :

A l’horizon 2015, tous les enfants maliens ont les compétences fondamentales en lecture et calcul.

Objectif global

Améliorer la qualité de l’éducation en mettant l’accent sur les résultats des apprentissages scolaires.

Objectifs spécifiques évaluation des apprentissages

–            Développer et promouvoir une méthode simple d’évaluation des compétences fondamentales en lecture et en calcul pour les enfants de 6 à 14 ans,

–            Obtenir des données compréhensibles sur les compétences d’apprentissage au niveau national et local,

–            Diffuser l’information d’une manière simple et compréhensible pour le Gouvernement, les parents d’élèves et le grand public,

–            Animer des débats publics autour des résultats de l’évaluation,

–            Stimuler le dialogue avec les autorités éducatives afin d’améliorer la qualité de l’éducation en fonction des résultats des apprentissages.

3. Zones d’intervention

Bɛɛkunko commence par les régions de  Ségou, Mopti, Gao et Tombouctou à la 1ère année (2011-2012), pour atteindre l’ensemble des régions du Mali, les deux dernières années (2012- 2014).

4. Démarche opérationnelle

  • La gestion technique et stratégique :

Le programme est mis en œuvre par une unité de gestion composée de 6 personnes (dont 2 à temps partiel) sous la couverture juridique de l’OMAES.

Un conseil consultatif de 10 membres assure la gestion stratégique du programme. Il est composé de:

–          03 représentants du ministère de l’éducation;

–          03 représentants OSC engagées dans les aspects de qualités de l’éducation;

–          01 représentant du syndicat des enseignants ;

–          02 personnes ressources expérimentées en éducation au Mali;

–          01 personne ressource en communication.

Le conseil consultatif se réunit une fois par trimestre  et au besoin  tient des rencontres extraordinaires pour partager et amender les outils, les stratégies, les plans d’actions, les rapports et autres documents produits dans le cadre du programme.

  • Le développement et l’application des outils et stratégies d’intervention du programme

Les tests (en lecture et calcul) sont élaborés avec le concours des personnes ressources spécialisées des services techniques de l’éducation (DNP, ILAB, DNEF, etc.) et sur la base du programme officiel du niveau I (1ère et 2ème années) du curriculum  de l’enseignement fondamental, en français et dans  11 langues nationales qui constituent toutes, des medium d’enseignement au Mali. Les tests développés dans ces différentes langues seront partagés avec l’ensemble des acteurs concernés en vue d’y intégrer leurs inputs. 

La définition d’une méthodologie d’échantillonnage a été assurée par les services compétents de l’INSAT, sur  la base des orientations données par le programme. Ceci permettra de garantir la représentativité de l’échantillon ainsi construit.

 Les évaluations sont effectuées dans les ménages par les relais (prioritairement au niveau communautaire) qui sont supervisés par des points focaux, tous formés pour la circonstance et par les soins de la coordination.

 Une stratégie est mise en place pour la communication et l’information autour du programme, des résultats d’évaluation et des thèmes d’actualités de l’éducation  avec l’ensemble des acteurs à tous le niveaux en vue d’un changement de pratiques et de politiques en faveur d’une éducation de qualité au Mali

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